La silhouette familière des clochers s‘estompe – partie 1

Jan 26, 2017

Partie 1 : le nombre de personnes sans confession augmente à un rythme soutenu

  • Les personnes membres des Églises catholique romaine et évangélique réformée constituent encore tout juste les deux tiers de la population.
  • Près d’un quart de la population suisse se déclare sans confession.
  • L’évolution du paysage religieux de la Suisse montre un pays qui, de traditionnellement bi-confessionnel, s’est sécularisé et qui est devenu plurireligieux.
  • La mixité confessionnelle des cantons continue sa progression.
Graphique 1 : Appartenance religieuse et confessionnelle de la population résidante permanente âgée de 15 ans et plus en pourcent, en 2015, Source : OFS, relevé structurel, 2015

Graphique 1 : Appartenance religieuse et confessionnelle de la population résidante permanente

Évolution de la population résidante selon l’appartenance confessionnelle ou religieuse

Les éléments suivants forment en 2015 le paysage religieux de la Suisse (voir Graphique 1) : les parts des deux grandes Églises continuent à diminuer et elles constituent à elles deux moins des deux tiers de la population résidante en Suisse. Quelque 6 % de la population appartiennent à une autre communauté chrétienne et la part des musulmans est encore un peu inférieure. Près du quart de la population suisse se déclare sans confession.

Pluralité religieuse et augmentation du nombre de personnes sans confession en Suisse

Le paysage religieux de la Suisse a évolué au cours des décennies passées, de celui d’un pays traditionnellement bi-confessionnel à celui d’un pays sécularisé et pluri-religieux. Plusieurs développements expliquent cette évolution : 1) l’individualisation ayant émergé de la révolution culturelle des années 1960, avec pour effet le libre choix de son appartenance religieuse laissé à l’individu lui-même, 2) l’augmentation massive du nombre de personnes sans confession depuis les années 60 et 3) l’immigration en Suisse de personnes appartenant à des communautés religieuses chrétiennes et non-chrétiennes ou sans appartenance religieuse.

L’évolution la plus frappante est l’augmentation persistante du nombre de personnes sans confession. La pluralisation religieuse représente donc une tendance modeste, comparée à la sécularisation qui poursuit aujourd’hui encore sa progression à un rythme soutenu. Les sorties d’Église n’expliquent pas à elles seules l’augmentation du nombre de personnes sans confession, il faut également mentionner le fait que de moins en moins d’enfants sont baptisés et que le pourcentage de personnes sans confession a fortement augmenté parmi les migrants en provenance des États de l’UE et de l’AELE.

Si, en 1970, près de 95 % de la population suisse étaient membres de l’Église catholique ou de l’Église évangélique-réformée, ce n’est en 2015 le cas que pour deux tiers environ de la population. On observe depuis les années 1950 une diminution du nombre des membres des Églises évangéliques réformées et leur part dans la population a diminué de moitié entre 1950 (56,3 %) et 2015 (24,9 %). L’Église catholique romaine doit à la migration sa plus grande stabilité au sein de la population : en effet, une bonne partie des personnes migrant en Suisse est de confession catholique romaine.

Depuis quelques années seulement, on observe toutefois aussi une diminution des membres de l’Église catholique romaine : dans les années 1950, on observe encore une légère croissance à 46 % de la population, un pourcentage stable jusque dans les années 1990. Dès les années 90, la part des catholiques romains au sein de la population suisse diminue à son tour.

La forte augmentation du nombre de personnes sans appartenance religieuse au cours des 20 dernières années a marqué de son empreinte le paysage religieux de la Suisse et contribué à le transformer. On observe toutefois des différences au plan géographique. Le graphique 3 présente le nombre de personnes sans confession par canton. Les cantons de Bâle-Ville (46,2 %), Neuchâtel (42,3 %) et Genève (38,9 %) présentent les taux de personnes sans confession les plus élevés. Ces dernières représentent même, dans ces trois cantons, le groupe le plus important au sein de la population. Elles sont également bien représentées dans les cantons de Vaud, Soleure, Bâle-Campagne et Zurich, où leur part est supérieure à la moyenne. Pour l’ensemble de la Suisse, on compte 23,9 % de personnes sans confession. Leur part est inférieure à 15 % dans les cantons des Grisons, du Valais, d’Obwald, du Jura, d’Uri et d’Appenzell Rhodes-Intérieures.

Graphique 2 : Évolution à long terme de la population résidante permanente âgée de 15 ans et plus selon l’appartenance religieuse et confessionnelle, 1910 – 2015, Source : OFS, relevé structurel, 2015

Graphique 2 : Évolution à long terme de la population résidante permanente

Graphique 3: Population résidante permanente âgée de 15 ans et plus selon l’appartenance religieuse et par canton, 2015, en pourcent, Source : OFS, relevé structurel, 2015

Graphique 3: Population résidante permanente

Graphique 3 met par ailleurs en évidence la mixité confessionnelle des cantons. Les cantons traditionnellement catholiques de Suisse centrale, Tessin, Appenzell Rhodes-Intérieures, Fribourg, Valais et Jura gardent encore et toujours leur forte tradition catholique, mais un seul canton peut se prévaloir d’une tradition protestante (52,1 %), celui de Berne. Dans les cantons de Schaffhouse et d’Appenzell Rhodes-Extérieures, autrefois traditionnellement protestants, ces derniers constituent encore le groupe de population le plus nombreux (36,2 %, respectivement 40,1 %) en 2015. La part des protestants est particulièrement réduite en Suisse romande, où ils ne constituent qu’un cinquième au plus de la population. Dans un canton autrefois de tradition calviniste, celui de Genève, les protestants constituent moins de 10 % de la population.

La pluralité religieuse se manifeste également dans l’augmentation légère de la part des autres communautés chrétiennes et des communautés islamiques. Dans le canton d’ Appenzell Rhodes-Extérieures, la part des autres communautés chrétiennes est comparativement élevée (8 %). Cette part est également supérieure à la moyenne suisse de 5,8% dans les cantons de Schaffhouse (7,2 %), Zurich (7 %), et Berne (6,8 %). Dans les cantons du Valais, d’Obwald et de Nidwald par contre, les autres communautés chrétiennes représentent une part inférieure à 3 % de la population. La part des communautés islamiques au sein de la population est la plus élevée à Bâle-Ville avec 8,6 %. Elle est également supérieure à la moyenne suisse de 5,1 % dans les cantons de Schaffhouse (8,2 %), de Glaris (7,7 %) et de St-Gall (7,3 %). Elle est inférieure à 3 % dans les cantons du Tessin, d’Appenzell Rhodes-Extérieures, d’ Appenzell Rhodes-Intérieures, de Nidwald, d’Obwald, des Grisons, du Jura et d’Uri.

Restez branchés

Les autres éléments de la statistique ecclésiale, qui documentent les sorties d’Église et les mariages religieux et s’intéressent aux chrétiennes et aux chrétiens issus de la migration seront publiés sur le site Internet au cours des prochaines semaines. Notre newsletter vous tiendra au courant.

Auteure et personne de contact :
contact:

Judith Albisser

collaboratrice scientifique

Share This